L’histoire que je vais vous raconter ou le lieu que je vais vous inviter à visiter peut faire penser aux moutons noirs de Gregory Boyington.
Depuis les années 1980, un groupe d’irréductibles passionnés s’acharnent à restaurer ce qui fut autrefois des aéronefs historiques et prestigieux . Ils peuvent se targuer de quelques réussites remarquables: Spitfire XIV, Douglas A26, Voisin de Caters, Fieseler Storch, Mosquito, Dragon Rapide, Tipsy ou Percival Gull. Très peu de ces volontaires sont des professionnels dans le domaine de l’aviation mais, au fil des restaurations, expériences et compétences leur sont reconnues. Ils exercent leur art au sein du Musée Royal de l’Armée et de l’asbl AELR.
Avec le temps, certains des volontaires se sentent pousser des ailes. Certains passeront leur licence de pilote voire achèteront leurs avions historiques, évidemment. L’association d’un groupe de copains et d’anciens de la Force Aérienne ou de la Sabena devient une association qui collabore étroitement à la mise en valeur du Musée. Celui-ci évolue aussi.
Ces évolutions et ces rêves rendent les relations plus complexes entre les puristes de la restauration et leurs tutelles. Des règlements limitant les travaux de restaurations dans le Musée font penser qu’à court ou moyen terme leur activité ne sera plus possible dans le Musée.
Plusieurs évènements vont cristalliser ce qui s’annonce comme un tournant. Un North American B-25 Mitchell est mis en vente en Grande Bretagne et il est une pièce manquante dans l'hommage à rendre à nos équipages qui œuvrèrent à son bord dans la Royal Air Force. Nos entreprenants restaurateurs ont tôt fait de négocier l’achat du warbird avec l’espoir de voir le Musée participer au transport et à la restauration du Mitchell. Ce projet aurait pu prendre la suite des restaurations menées à leurs termes. De multiples raisons feront que cela ne se fera pas.
Pas découragés mais un peu déconfits, nos irréductibles vont quand même réussir à faire venir leur oiseau en Belqique. Après avoir franchi cet obstacle et d’autres, une montagne se dresse devant le groupe : trouver un endroit ou restaurer l’avion ? Un des restaurateurs cassera sa tirelire pour acheter un atelier à Gembloux. L’asbl Belgian Aviation Preservation Association voit le jour pour structurer le projet.
Tout en offrant aux bénévoles une autonomie de gestion et de décision, les objectifs de l'association sont la restauration, la conservation et l'exposition d'aéronefs ou toute activité relative à la préservation de notre patrimoine aéronautique sous quelque forme que ce soit. Les lignes de conduite de la collection sont nos constructeurs nationaux et les aéronefs présentant une évolution technologique significative. Il ne faudra pas longtemps pour rendre l’atelier opérationnel, accueillir de nombreux volontaires, recevoir dons et dépôts.
Les restaurations de plusieurs avions, planeurs ou ULM sont déjà terminées. Il était clair dès l’origine que la restauration du B-25, emblème de l'association, prendrait plusieurs années. Aujourd’hui le fuselage avant est presque terminé. La tourelle supérieure se complète après une chasse aux pièces au niveau mondial.
Au fur et à mesure des travaux et de l’arrivée de nouvelles machines, l’atelier devient trop petit. D’autant plus qu’une des ambitions de l’association a toujours été de présenter les avions restaurés. Une autre pièce d’exception a rejoint la collection en 2021, un Cessna 310B ayant volé au sein de l’école d’aviation civile aux couleurs de la Sabena. Lorsqu’il sera terminé sous peu, il sera le seul avion de notre compagnie aérienne préservé et accessible au public.
Jusqu'à présent visiter la Bapa n’était possible que pendant les journées portes ouvertes ou sur rendez-vous. Cela devrait changer dans un futur proche. Après moult espoirs et idées, un espace d’exposition proche de l’atelier ouvrira bientôt ses portes. Nous vous tiendrons bien sur informé.
Si vous êtes passionné d’aviation, avez envie de participer à l’aventure, je vous invite à visiter https://www.bapa.aero/ en attendant de voir de visu les réalisations de l’association.
Merci à Vincent et Eric