Et donc il aura suffi de quelques survols de drones pour redécouvrir une vérité que nos grands parents avaient appris de la plus violente des manières.
En mai 1940, l’aviation belge a été balayée du ciel en quelques heures. En quelques jours pour la seconde fois de sa courte existence la Belgique était occupée. Et contrairement à la Première Guerre mondiale, à 100%. Lorsque libérée par les troupes alliées avec une participation symbolique de combattants nationaux, la liesse fut de courte durée. Le 13 octobre 1944, le premier V1 tombait sur Antwerpen. D’autres villes allaient découvrir cette nouvelle menace. Après Londres, les belges étaient aux premières loges pour assister, impuissant, à une nouvelle démonstration que lorsque on néglige sa défense aérienne, le prix est très élevé. La leçon durera jusqu’en février 1945 et sera encore plus démonstrative lorsque les V2 sillonneront aussi notre ciel. Cette démonstration fera 7943 victimes rien qu’en Belgique, la plupart civile.
Je ne dirais jamais assez combien l’excellent livre de Ludo Vrancken « De Aéronautique en de geschiedenis van de Belgische luchtverdediging . De geschiedenis van de Belgische luchtverdediging tussen 1919 en 1940. » est édifiant sur l’accumulation de bévues, de politique à courtes vue, d’incompétence qui ont conduit à ces drames et ceux qui ont suivis. Heureusement, pour redorer notre blason, des aviateurs belges ont opéré dans l’USAAF ou la RAF au prix de difficultés incroyables pour rejoindre les Alliés et démontrer que ce n’étaient pas les hommes qui avaient failli. Ils étaient nombreux en effet qui étaient déjà aviateurs en 1940 mais manquant de matériel en nombre suffisant et de qualité et mal commandés sauf à quelques rares exceptions. Nos politiciens de l’époque, eux avaient espérés jusqu’au dernier moment échapper aux gouttes et à la pluie de bombes.
Et ensuite ? En 1946, verra la naissance de ce qui ne sera pas encore la Force Aérienne. Encore faudra t’il que certains responsables du désastre de mai 1940 soient écartés pour laisser la place à d’autres ayant fait leurs preuves pendant le conflit. Le titre Force aérienne belge - Belgische Luchtmacht - Belgian Air Force » succèdera l'« Aviation militaire belge - Belgisch militair vliegwezen » le 15 janvier 1949. L’adhésion à l’Otan permettra de mettre sur pied une force solide qui pourra faire à maintes occasions la démonstration de la motivation et la compétence de ses personnels et de ses cadres chaque fois lorsqu’elle sera engagée.
Si j’illustre ce billet d’un missile sol air, c’est que la Belgique a participé au Nadge « « NATO Integrated Air and Missile Defence System » à partir de 1956. Un des présidents du comité de direction de ce projet a été le général belge Michel « Mike » Donnet, un de ces aviateurs déjà avant 1940 et passé par la Royal Air Force à l’occasion d’une évasion de légende du pays occupé. Nadge était dédié à la défense anti aérienne de l’Europe occidentale de la Norvège à la Turquie.
Et bardaf, patatras, le mur de Berlin s’effondre et nous sommes en paix pour les 500 ans qui viennent. Adieu escadrilles, bases aériennes, avions de chasse, canons anti aérien et missiles sol air. Contrairement à nos voisins néerlandais, allemands, britannique, français … Nos hommes politiques n’ont pas jugé utile de nous donner les moyens nécessaires à la défense aérienne de notre pays. Certes balancer une missile sol air pour « degommer » un drone est un peu excessif mais ce risque a calmé toute tentative agressive pendant plus de trente ans.
Le réveil est violent. Espérons que les commanditaires de nos visiteurs nocturnes n’auront pas l’envie de pousser plus loin leurs expériences. Ce n’est pas lorsque l’incendie nous menace qu’il faut s’inquiéter des extincteurs et de l’équipement des pompiers. Nos pompiers et nos aviateurs ils sont fit and ready et ils veillent.