Combien de fois n’ai-je entendu que le modélisme se mourrait faute de modéliste…
Venu du monde du jouet, les premiers modèles réduits étaient de pièces d’artisanat retrouvées dans des tombes de l’Antiquité (Inde, Rome, Egypte …). Il est comme cette industrie soumis à des cycles : Ca plait, ça ne plait plus, ça plait à nouveau. Qu’on se souvienne de Barbie vouée aux enfers par les féministes et qu’un film, certes hollywoodien à gros budget, a remis à la mode.
Avant la Révolution française, les modèles réduits servent à montrer aux monarques, des souverains qui n’ont pas toujours le pied marin, les navires de leur marine. Les soldats de plomb, copie de pièces d’artillerie ou de machines de sièges permettent aux jeunes princes et aux états-majors de « jouer à la guerre » et de s’exercer aux manœuvres. Les victimes ou les proches de naufrage fabriquent ou font réaliser des exvotos des esquifs disparus ou sauvés de la catastrophe grâce à l’intervention divine. Déjà les progrès techniques vont permettre aux petits et grands enfants de rejouer les batailles de l’Empire via les soldats de plomb. Dans le courant du XIX siècle, des modèles réduits fonctionnels de locomotives et de bateaux à vapeur vont constituer des chefs d’œuvre d’ouvriers, d’ingénieurs ou de constructeurs qui ont passé leur vie active sur ces machines.
Toujours les jouets avec des objets en tôle emboutie de la fin du XIX jusqu’au années 60 (bien que des fabricants en Asie en produisent toujours). Leur créativité est et fut sans limite même si ces modèles ne sont souvent pas très réalistes. Plus tard, des avions et hélicoptères de la Sabena se trouveront dans cette catégorie. Si on est toujours dans le jouet, l’aviation va jouer un rôle essentiel utilisant le modèle réduit comme outil de promotion et pour tester en soufflerie de nouveaux avions. Fairey va, par exemple, faire construire dans ses usines des modèles réduits au 1/10 de ses avions, pour des salons aéronautiques. C’est beaucoup plus simple d’aller présenter le Fairey IIIF en Amérique du Sud de cette manière que de tenter un voyage qui reste plein d’embuches. Le Musée du Bourget expose quelques-uns de ces modèles de constructeurs français.
Fin des années 30, des fabricants vont proposer des modèles réduits en bois et bakélite. Le réalisme de ces maquettes dépendra beaucoup des talents des modélistes. Les pièces en bois sont des blocs qu’il faut mettre en forme.
Le modélisme volant et statique sera au programme de formation des aviateurs de la Royal Air Force. Des modèles assez réalistes mais surtout peints dans des couleurs parfois très proche de la réalité vont servir à identifier les amis et les ennemis.
De cette époque date aussi les premières maquettes en plastic injectés qui vont connaître un essor fulgurant dans les années cinquante et soixante. A l’époque, qui n’avait pas construit le nouveau Spitfire d’Airfix à 16 franc belge vendu dans son sachet plastique que l’on trouvait dans n’importe quel magasin de jouet ou dans les épiceries du coin.
Des associations des modélistes vont se créer et il y aura au moins un fabricant ne venant pas directement du monde de jouet dans chaque pays même de l’autre côté du rideau de fer.
A partir des années 2000, le monde du modèle réduit vit des temps agités : faillites à répétition, modèles hyper détaillés mais hors de prix, pinaillage et complication excessive des montages ou des décorations. Les jeunes ont aujourd'hui d’autres centres d’intérêts et le modélisme semble devenir une activité pour seniors attardés dans l’enfance.
Depuis quelques années, le modélisme semble renaître. Il suffit de voir le nombre d’abonnés aux pages Facebook traitant du sujet. Des fabricants que l’on croyait disparus à tout jamais sont de nouveau sur le marché. Même un historique dont les moules étaient censés avoir été définitivement détruit dans un déraillement. Des modèles datant de la fin des années 50 font le bonheur des vendeurs et des acheteurs sur les sites d’enchères. Les nouveaux fabricants sur le marché font aussi preuve d’une incroyable créativité. Même Légo propose un Concorde. Il faudra quand même prévoir la place, ce modèle fait plus d’un mètre de long. Le plus obscur prototype existe aujourd’hui en modèle réduit. Lorsqu’on voit que même les aéronefs de Star War ou de Star Trek existent en modèle réduit, on ne peut que conclure que les maquettes ont encore de beaux jours devant elles.
On peut se demander à quoi on doit se regain d’intérêt. Un excellent modéliste de mes amis a la réponse. « Les maquettes nous permettent d’avoir des représentations d’avions, voitures, train ou bateaux à l’échelle 1/1 qui ont disparus à tout jamais ou qui ne sont visibles qu’à des milliers de km de chez nous ». Et puis soyons réaliste, même si notre avion préféré est le Boeing 747, nous aurions bien du mal à en avoir un à la maison, donc un modèle réduit.
Nos amis de aviation.brussels ont de quoi alimenter nos discussions sans fin au sujet du plus bel avion jamais construit en https://aviation.brussels/search?q=mod%C3%A8le%20r%C3%A9duit et mon petit doigt me dit qu’une arrivée massive de « petits avions » est prévue.
Illustration : La marque Italienne Casadio est connue pour ses modèles réduits de voiture en métal. Dans les années 80, elle produisit quelques rares maquettes d’avions à assembler en métal dont ce Spitfire XIV, la seule représentation réaliste de cet avion sur le marché à l’époque.
1 commentaire
Non, la maquette n’est pas morte, elle a juste ….évolué ;-)
Moi par exemple, je recherche des maquettes d’une bonne échelle et de la maquette “statique” j’en fait des maquettes radiocommandées …. d’où un publique admiratif car on a le “détail” de la maquette et le réalisme du “RC” ;-)